Auckland

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mardi 28 juin 2016

Le réveil de la féministe


La Nouvelle Zélande est globalement un pays où on se sent plutôt bien en tant que femme: pas trop de harcèlement de rue ou de regard des hommes sur le corps des femmes comme j'ai pu le sentir dans d'autres lieux où j'ai vécu (France, Royaume-Uni, Dubai). On peut porter ce que l'on veut, tout le monde s'en fiche, et on voit de tous les gabaris et tout le monde s'en fiche aussi. Et puis, c'est le premier pays où les femmes ont obtenu le droit de vote. 

De quoi puis-je bien me plaindre alors, hein? Deux choses: la place des mères. Et la prévalence des stéréotypes de genre. Les deux étant évidemment liés.

Vous n'avez quand même pas cru que j'allais me plaire dans mon nouveau rôle de femme au foyer et me taire? Que j'allais faire les courses, le repas et le ménage, m'occuper des enfants et attendre que chéri rentre du travail pour servir le dîner, et faire la vaisselle en plus? Ah ah ah...

Bon, j'ai adopté cette façon de vivre sans trop me poser de questions au début, car il était difficile de faire autrement. Et je me suis lancée dans la création de mon entreprise (mais évidemment, mon temps n'est pas élastique et je ne peux proposer que quelques cours les jours où mes enfants sont à la crèche. Cours qui payent à peine la crèche).  Et j'ai aussi exploré des voies artistiques (théâtre, chant, photographie, peinture, écriture) que j'avais délaissées pendant des années, ce qui est positif pour mon épanouissement.

Mais j'ai quand même cette impression de vivre une vie de mère. Ici les papas travaillent et les mamans s'occupent souvent à plein temps des enfants jusqu'à leurs cinq ans. J'ai croisé quelques familles au schéma différent mais elles restent des exceptions. Et je n'en peux plus d'être cantonnée à ce rôle de mère, je vous jure! J'ai l'impression d'être dans la série Mad Men quelquefois. J'en ai marre de voir toutes les mères autour de moi faire la même chose parce que ce sont des femmes et que les femmes s'occupent des enfants et bla bla bla.

A part râler (ça, c'est fait et refait!), que faire concrètement?

Qu'est-ce que je veux? Me demande t-on.

Une société EGALITAIRE, où la répartition des tâches et du travail n'est pas fondée sur le fait d'être un homme ou une femme. Je veux que les hommes ET les femmes s'occupent des enfants à parts égales. Temps égal au foyer. 

Ok, on donne naissance (et c'est pas une partie de pêche à la ligne, je sais de quoi je parle). Et on allaite (si on veut, si on peut, oui oui oui pas de problème). Mais après, hein? Pourquoi est-ce qu'en Nouvelle Zélande ce sont les femmes qui majoritairement s'occupent des enfants pendant 5 ans? Les papas pourraient très bien le faire aussi. Au lieu que Madame passe toute la semaine avec les enfants et Monsieur au bureau, on pourrait très bien imaginer un schéma où chacun travaillerait à mi-temps et s'occuperait des enfants à mi-temps. Au lieu que Madame ne soit pas payée et que Monsieur gagne tout l'argent on pourrait peut-être partager le gâteau, non? Ce serait une volonté politique d'égalité des sexes et de combat des stéréotypes de genre. 

Nous pourrions aussi mettre les enfants en garde toute la semaine et bosser tous les deux, me direz-vous. Possible, mais les crèches coûtent tellement cher que mon salaire ne servirait qu'à payer les frais de garde. Et j'aime l'idée de passer du temps avec ses enfants, mais pas tout le temps et pas que les mères. Le "care" ne devrait pas avoir de sexe. C'est ça qui m'énerve le plus je crois, cette reproduction d'un modèle de division des tâches, et je veux lutter contre ce modèle. Cette lutte passe par une plus grande prise en charge du "care" par les hommes. Si les hommes continuent à ne pas s'occuper des enfants et de la maison autant que les femmes, comment peut-on arriver à l'égalite?

Moi je vois une volonté politique dans la forme actuelle. Non seulement les mères au foyer ne sont pas considérées comme demandeuses d'emploi et  ne viennent pas augmenter les chiffres du chomage, mais en plus les hommes ont libre accès au travail. Moins de compétition, les femmes étant en train de changer des couches et de chanter "Twinkle twinkle little star" en faisant les gestes de la chanson dans une salle remplie de femmes à la bibliothèque du quartier. Après quelques années à chanter ça, on se demande comment on peut d'ailleurs retrouver assez de neurones pour écrire un CV et aller à un entretien d'embauche, mais c'est une autre question...

Frein numéro 1 à ma requête de temps partagé: il y a très peu d'emplois à mi-temps pour les hommes. Premier bâton dans les roues.  Et bien, il faudrait que l'on puisse choisir de travailler moins. Pour les femmes c'est plus facile de trouver un emploi à temps partiel. Il faut que les employeurs jouent le jeu. S'il y avait autant d'employeuses que d'employeurs, on n'en serait peut-être pas là. Et si les hommes avaient envie de passer un peu plus de temps à s'occuper de leurs enfants aussi, hein? Ils arriveraient bien à se faire entendre.

Deuxième: l'argent. Les hommes gagnent plus que les femmes donc si dans un couple chacun travaille à mi-temps, la famille gagnera moins d'argent que si c'est l'homme qui travaille à temps plein et la femme qui garde les enfants. Ok, et on va dire encore longtemps que les femmes gagnent moins ou on va faire quelque chose de concrêt? Maintenant serait le bon moment, depuis le temps qu'on en parle.
Ah mais les femmes ne choisissent pas les mêmes emplois, et on sait bien que professeurE gagne moins que ingénieur par exemple. Deux solutions à employer en même temps: d'abord au niveau de l'éducation et du choix des métiers: stop aux stéréotypes de genre. A l'école, en famille, dans la rue, dans les supermarchés, la pub, pour les jouets de Noel... On voit bien qu'il faut tout passer au peigne fin et ne RIEN laisser passer. RIEN.  Deuxièmement, pourquoi est-ce que un prof serait moins payé qu'un ingénieur? A diplome égal, salaire égal. Comme dans l'éducation nationale, il devrait y avoir une échelle des salaires selon le diplome et le grade. Quelque chose comme celà nous faciliterait la tâche. 

Cause toujours... Voici la réponse type des gens à qui j'ai pû parler. Alors j'ai décidé que c'est ce que j'allais faire: parler. Ecrire, prendre des photos, relever tout ce qui me semble approprié. L'ouvrir avec un grand O pour faire entendre ma voix. 

La goutte d'eau qui a fait déborder le vase a été l'organisation d'une "soirée mecs" (Blokes' night) dans une école secondaire en bas de ma rue (voir le détail en anglais en bas de ce poste).  Mon sang féministe n'a fait qu'un tour quand j'ai vu les affiches de cette soirée dont le but était de récolter des fonds pour financer les tenues de sport des collégiens et collégiennes (ouf!). Les hommes (pères, grands-pères, anciens élèves...) étant invités à une soirée 100% mecs où ils pourraient boire de la bière, jouer aux flêchettes, au billard, au ping-pong, faire du networking  et participer à un concours de boissons... Soirée interdite aux femmes ;-(
J'ai contacté les organisateurs (hommes et femmes) qui ont gentiment répondu à mes questions sans voir quoi que ce soit de sexiste à leur petite soirée. Ils ne connaissaient pas le terme "stéréotype de genre" et m'ont demandé ce que j'entendais par là. Ils ne voyaient pas du tout en quoi j'étais choquée. 
 Ce qui m'a encore plus choquée.

 Du coup ça fait une semaine que je n'ai pas fait la vaisselle après le dîner, en signe de protestation. 

Une petite lutte pour l'égalité...

Ci-dessous le détail de la soirée mecs:

BLOKES' NIGHT:
On behalf of the Belmont Intermediate PTA we invite all Dads, Grandads, Rellies and Old Boys (& Dads with Kids Starting 2017) to the first Annual BIS Blokes Night.
This event is an opportunity to come and meet other Blokes from the community with a connection to Belmont Intermediate. This will be a fun night with Craft Beer, Lamb on the Spit and many activities including Pool, Darts, and a wine tasting competition.
Plus put down your home brew now and bring it along for the tasting challange for a chance to win the first annual Brewers Champ Cup!
Get in Early as there are limited tickets! We promise a night to remember and a great opportunity to network with your community and help raise money towards School Sports Uniforms .
Ticket price includes - One beer on arrival plus food
Cash Bar available thereafter with Craft Beer and Wine. Bring gold coins for other activities.
FAQs
Are there ID requirements or an age limit to enter the event?
Yes, no one under the age of 18 will be admitted.  Anyone that appears to be under 25 years may be required to show identification prior to entering.  Suitable identification includes a current NZ drivers licence, passport or Hospitality NZ 18+ card.  Under the Sale & Supply of Alcohol Act the minimum legal age for the purchase of alcohol in New Zealand is 18 years.
What can/can't I bring to the event?
Bring gold coins for the activities.
Cash for the bar, EFTPOS will be avialable but cash prefered.
If you wish to enter in the Home Brew Competition then bring along approximately 1L of it for the tasting event. Note: home brew will  only be consumed at the event by the judges of the Home Brew Competition. 
Is my registration/ticket transferrable?
No
What is the refund policy?
No refunds
The name on the registration/ticket doesn't match the attendee. Is that okay?
Names will be checked on arrival.
Is Food available?
Yes there will be lamb on the spit with bread rolls and salad served ~7pm and Hot Chips for later in the night.  Snacks, such as potato chips and peanuts, will be available for purchase.
What beer will be available?
Good quality Craft beer and a low alcohol option!
Can I bring my Wife or kids?
No :)
Where are the proceeds going?
Boys and Girls Basketball uniforms that will be reused each year
What activities will be available?
Pool, Darts, Wine Tasting Comp, Horse Shoe Toss, Ping Pong and lots more, plus good old networking.

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